Dormir

comme un enfant

Je veux dormir comme un enfant

Je veux rêver à avoir peur

Je veux retrouver mes fantômes,

Je veux jouer à faire comme,

Je veux rêver d'un au delà

et me glisser au fil des draps

en des châteaux pleins de mystères,

en des greniers pleins de poussières

Je veux dormir comme un enfant

Je veux rêver à avoir peur

Je veux retrouver mes fantômes

de drôles de petits bonshommes

Dès qu'on s'endort, ils apparaissent

et devant eux on serre les fesses

On se cache la tête sous l'oreiller

mais ils vous tirent par les pieds

Je veux dormir comme un enfant

Je veux rêver à avoir peur

Je veux retrouver mes fantômes,

ceux qu'on efface d'un coup de gomme

Pour s'éclairer ils ont la lune

C'est là toute leur fortune

Ils se lavent dans les gouttières

et se sèchent dans les courants d'air

Je veux dormir comme un enfant

Je veux rêver à avoir peur

Je veux retrouver mes fantômes

je veux jouer à être un môme

Quand on les voit, c'est affolant

on tremble on claque des dents

Ils sont méchants, ils font houhou

Ils sont marrants, ils font tout fous

Je veux dormir comme un enfant

Je veux rêver à avoir peur

Putain de vie, je peux pas dormir

Putain de vie, j'ai toujours peur

Putain de vie, je suis un homme

Putain de vie..

où sont passés mes fantômes !

Western

Western soirée à la télé,

pantoufles, bière, et canapé,

devant l'écran, regard hagard,

aussi précis qu'un code-barre,

je suis celui qui tire,

j'ai ma ligne de mire,

le doigt sur la détente,

je zappe dans la tourmente

Western soirée à la télé,

pantoufles, bière, et canapé,

je bouffe, je croque du satellite,

Je tue, je flingue  les parasites,

j'appuie sur les boutons,

en vrai camémouton,

Je mire mon impuissance,

je commande à distance

Western soirée à la télé,

pantoufles, bière, et canapé,

Je fonce, je paffe, je m'envole

et que vive la parabole !

Je bouffe de l'image

je suis un téléphage

je rêgne sur l'écran

je joue les oui-voyants

Western soirée à la télé

je vais bouffer le monde entier,

statue du télécommandeur,

je tire, je zappe, c'est le bonheur,

le doigt sur la gâchette,

j'en ai mal à la tête,

j'implose mes implants,

je suis le tout puissant,

Western soirée à la télé...

plus de western à la télé..

Une image tirée en plein coeur

a eu raison de mes ardeurs

linceul, bière, et petit four,

incinéré au petit jour,

dernière image technicolor,

Je tire, je zappe, et je m'endors

Je te salue
 

Escriveur

Parloteur

je te salue

A toi le voleur

de mots qui s'envolent

A toi le donneur

de mots qui se volent

A toi le faiseur

de mots qui se donnent

A toi le poseur

de mots qui détonnent

Je te salue..

A toi le rêveur

du mot infini

A toi le diseur

de l'indéfini

A toi le parleur

analpha-pas-bête

A toi l'escrimeur

de mots et de lettres

Je te salue

A toi le poète

cruciverbaliste

A toi qui t'entête

A toi qui résiste

A toi l'insensé

A toi le candide

qui veut s'arrimer

à une case vide

Je te salue

A toi le rimeur

de lettres coquille

qui rit et qui pleure

derrière ses grilles

A toi le bouffon

zoorizontal

qui tourne en rond

sur des verticales

Je te salue

A toi l'innocent

A toi l'affranchi

que de vils pédants

extra-non-vertis

veulent enfermer

et re-mot-deler

et labeliser

et for-mot-liser

Je te salue

A toi qui écrit

sur des cases noires

A toi qui se rit

des rimes mourroir

A toi qui jargonne

sur des livres blancs

A toi qui griffonne

ino-mot-cemment..

Je te salue

A toi que l'on veut

ami-mot-donné (labé-mot-lisé)

A toi qu'on ne peut

édul-mot-corer

A toi qu'on bastille

pour un jeu de mots

A toi qu'on fusille

pour un mot de trop

Je te salue

A toi qui crayonne

des mots qui se disent

A toi qu'on baillonne

des mots qui se lisent

A toi qui rayonne

pour un mot d'amour

A toi qui te gomme

sur la fin du jour..

Je te salue..

Je te salue

Je te salue